« Il m'a suffit d'entendre ton nom pour savoir qu'entre toi et moi, ça n'allait pas coller. Et effet, même avec de la super glu, on n'aboutirait pas à grand chose. Premier problème : un sang de bourbe et un sang pur n'ont pas le moindre avenir, pas même infime. Second problème : nos caractères sont strictement incompatibles. Et dernier point : apprendre que nous allions devoir partager la même salle commune a contribué à intensifier l'animosité que j'éprouve à ton égard ! Bref, je ne te supporte pas, et je ne doute pas une seule seconde qu'il en est de même pour toi. Si seulement je pouvais t'assommer de façon définitive, je m'en porterais bien mieux ! Malheureusement, les choses ne sont pas si simples, et il me faut supporter ta présence. Si encore tu ne te faisais pas remarquer, je pourrais, tout simplement, t'éviter, mais tu es si exubérant qu'il est impossible de passer près de toi sans te voir. Et je ne sais pas par quel miracle, tu sembles être partout ! De quoi me rendre folle ! D'ailleurs, des folies tu m'en as fait faire : je crois qu'il nous est impossible de passer côté à côté sans se frotter à nos baguettes. Si on devait compter le nombre de fois où nous avons tous les deux terminés à l'infirmerie ... j'y passerai la nuit. Et si seulement je savais tout ! Si je réalisais que tu es le garçon avec qui je corresponds de façon anonyme depuis désormais sept ans, je ne sais pas du tout comment je prendrais la chose. Quoique si ... je sais. Je croirai à une plaisanterie !

« Toutes les deux, nous avons plus ou moins grandies ensemble. Repas interminables, soirées ennuyeuses, tenues strictes, regards sévères, paroles étudiées ... il fallait toujours paraître parfait pour faire honneur à sa famille. Et l'une comme l'autre, on n'aimait pas trop cela. Rester assis à table pendant des heures sans rien faire, écouter les adultes évoquer leurs problèmes et toujours chercher à en mettre plein la vue aux autres, ce n'était pas vraiment notre tasse de thé. On était deux petits anges aux yeux de tous, mais on avait trouvé un ingénieux moyen de passer le temps grâce à Aaron qui nous avait appris à manier cet étrange objet moldu : le portable. Alors on s'envoyait ce que ces gens appellent un texto sans que personne ne se rende compte de notre manège. Petit à petit, on est devenu très amies toutes les deux. On n'a pas vraiment les mêmes opinions à propos de tout, loin de là, mais ça n'a jamais été un problème. Tu t'entendais si bien avec Aaron que je ne me suis jamais posé de questions à ton sujet. Je t'appréciais, un point c'est tout. Mais aujourd'hui, Aaron n'est plus là. Je suis un peu perdue, tout se mélange dans ma tête, et je ne sais plus si je peux te faire confiance. Tu apprécies les sang-de-bourbe, tu déshonores ton sang et tu es bien trop gentille à mon goût. Puis-je encore te faire confiance ? N'est-ce pas trop risqué pour moi de passer du temps en ta présence ? Je ne sais pas. Je crois qu'en réalité, tout cela me fait peur. Finalement, entre nous, tout ne tient plus qu'à un fil ; car je le sais, je te connais trop bien ... si je commence à m'éloigner de toi, tu ne me le pardonneras pas.

« Par la barbe de Merlin, qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? Devoir supporter ta sale tête de troll tous les jours à Poudlard me rend folle. Tu es typiquement le genre de fille qui me sort par les trous de nez. Avec ton petit air angélique et ton sang de moldu, tu as tout pour que je déteste, et il faut dire que ça n'a pas loupé. Je crois qu'au fond, ce qui m'insupporte le plus chez toi, c'est le fait que cette saleté de London t'ait pris sous son aile. Il est toujours là dès que je décide de m'en prendre à toi cet idiot ! Je ne sais pas comment il fait, mais on dirait qu'il a un détecteur intégré dans le cerveau, et qu'il se met à sonner dès que je m'approche de toi à plus de vingt mètres ! Mais ne crois pas pour autant que je vais te laisser vivre tranquillement ta petite vie Cornwell ! Enfin ... je suppose que tu l'as remarqué : ce n'est pas London qui réussira à m'arrêter. Certes, il est bien emmerdant, il ne cesse de chambouler ma petite organisation et mes plans d'attaque, mais on ne peut pas dire que ton joli petit minois n'a pas été touché malgré toutes ses pitreries, n'est-ce pas ? Tu sais, tu devrais être fière quand j'y pense ... je crois que parmi toutes mes victimes, tu es l'une de mes préférées, pour ne pas dire MA préférée. Et après tout ... tu serais trop facile à atteindre si London ne s'amusait pas à me mettre des bâtons dans les roues. Malheureusement plus c'est facile, plus on s'ennuie. Mais avec toi, je suis certaine de ne jamais être lassée, bien au contraire ... tu peux être sûre de conserver ta place de favorite !

« Tout était déjà mal parti entre nous : ton sang impur me donnait la nausée, ta bonne humeur constante me retournait l'estomac, ton amitié avec London me répugnait, ton intérêt pour Anise m'irritait et tes bouffonneries m'exaspéraient au plus haut point. Mais malgré tout cela, ta petite personne me semblait si insignifiante que jamais je ne t'ai accordé une place de choix parmi mes grands favoris. Ou du moins, ce ne fut pas le cas jusqu'à ce que ce fâcheux évènement survienne et ne perturbe plus d'un mois de ma scolarité ! Je n'arrive toujours pas à croire que tu ais pu m'embarquer dans une histoire pareille ! Espèce de sale vermine insignifiante, je t'assure qu'un jour prochain, tu me payeras cet affront au prix fort ! Parce que si tu crois que je vais oublier ces quatre semaines de retenues intensives, tu te mets le doigt dans l'oeil, et bien profondément Holynski ! Tout cela parce que tu n'es qu'une pauvre courge incapable de regarder où elle va ! Si tu ne m'étais pas rentrée dedans ce jour là, jamais ce stupide professeur victime de ton imagination débordante et complètement loufoque n'aurait imaginer ne serait-ce qu'une seule seconde que j'étais impliquée dans cette histoire tordue ! Quoique ce qui m'a le plus exaspéré, ce n'est pas qu'il est cru à mon implication, c'est qu'il est osé associer ma personne à la tienne ! Moi, comploter avec une sang-mêlée totalement dingue !? Je ne sais pas où il avait la tête ce fou ! Quoiqu'il en soit, son compte est déjà réglé ; il n'est plus à Poudlard depuis un moment déjà ... Mais toi, si tu subis régulièrement mes foudres, prépare toi à ce que quelque chose d'hors du commun t'atteigne ; dès que le moment opportun se manifestera, tu peux être sûre que tu t'en mordras les doigts !

« Tu viens tout juste de débarquer à Poudlard ; oui, cette sixième année que tu entames n'est en réalité que ta première année dans cette fameuse école de Magie d'Angleterre. Dès que j'ai entendu ton nom, quelque chose s'est réveillé dans mon esprit, comme si un mécanisme venait tout juste d'être déclenché. Je fus perturbée pendant quelques instants par cette impression étrange d'avoir déjà entendu ton patronyme, puis ça y est, ça m'est revenu. D'un seul coup, je me suis rappelée : la famille James, déshonorée par son plus jeune fils qui osa désobéir à ses parents et à son devoir pour épouser une née-moldu ! Comment peux-tu ne pas avoir honte de porter le nom de cet homme qui a bafoué son honneur, sa famille, son sang !? T'apercevoir au détour d'un couloir fait naître en moi une telle répulsion que j'ai dû mal à supporter ta vue. Savoir que tu es le fruit d'une trahison me dégoûte, m'indigne, me révulse. Mais en même temps, être en ta présence me procure une joie intense, une jouissance infinie, une satisfaction incommensurable : te rappeler le choix ignominieux de ton père, le sang impur de ta mère - tout en sachant qu'elle n'est plus de ce monde - et la monstruosité de ton propre sang m'est délectable. J'aime remuer tes souvenirs, tes douleurs et tes peines. Comment est-ce que je sais tout cela ? Tu te le demandes n'est-ce pas ? C'est bien simple, les gens comme moi, les sorciers aux sang-purs, ceux qui méritent leur place au sein de notre monde, nous savons TOUT, absolument TOUT ce qui concerne les traîtres. Et ton père et le pire de son espèce ! Quoique Aaron n'est pas loin de lui voler sa place ... Sa pauvre famille ne sait d'ailleurs plus où se mettre ; ton grand-père éprouve une telle honte qu'il ose à peine se rendre aux dîners où il est encore convié par politesse. Il me ferait presque de la peine tu sais ...

« Tu es quand même un petit peu bizarre comme garçon ... J'ai du mal à te cerner. Tu me diras, je ne pense pas que qui que ce soit puisse te comprendre. Tu vis dans ton monde et tu ne laisses personne y pénétrer. Quoique, tu m'as tout de même ouvert une petite porte n'est-ce pas ? Certes, ce n'est pas grand chose, mais au moins, lorsque je me mêle de ta vie d'un peu trop près, je ne suis pas obligé de supporter les colères que tu fais subir aux autres. Bon c'est sûr, ça ne veut pas dire non plus que tu me laisses intervenir sans réagir, loin de là, mais au moins, je ne suis pas repoussée par tes pétages de plomb bizarres qui me feraient presque peur. Je ne sais pas pourquoi je me suis intéressée à toi de cette façon ; tu me fascines étrangement, par ta musique, par ta personnalité, par ta cécité aussi, peut être. Je crois que tu me fais de la peine au fond, que je voudrais pouvoir faire quelque chose pour t'aider. Tu es un sang-pur après tout, tu mérites mon intérêt ! Je ne peux pas laisser quelqu'un de mon rang s'enfermer dans sa bulle et vivre comme un fantôme ; c'est un petit peu mon devoir de te sortir de ton monde qui t'éloigne un peu plus chaque jour de ceux qui t'entourent. Alors je fais ce que je peux pour que tu te sentes exister : je fais parfois preuve de gentillesse avec toi - mais souvent, dans ce cas là, il y a peu de monde autour de nous - et souvent, je suis plutôt désagréable, je te bouscule, je te secoue ... Tu n'aimes pas trop cela, c'est sûr, mais quelques fois, j'ai l'agréable surprise de te voir m'accorder une petite place, infime, certes, mais c'est déjà ça ! Je n'en demande pas beaucoup plus.

« Tu es vraiment ... une plaie. Ton sang me donne la nausée et ta mère n'est qu'une stupide criminelle de bas étage et malgré cela, alors que tu aurais clairement dû comprendre que ta place était à une distance considérable de moi, tu as cherché à faire de moi l'une de tes relations. Mais pour qui te prends-tu sale vermine ? Tu crois vraiment que je suis le genre de fille qui traîne avec des minables tels que toi ? Je te l'ai bien fait comprendre, mais apparemment, l'information ne s'est jamais vraiment imprimée dans ton cerveau. Tu as persévéré, et tu as réussi à me rendre folle. Si encore tu avais fini par abandonner ... mais non, tu ne t'es jamais dégonflé ! J'étais décidé, il y a deux ans, à mettre définitivement un terme à tout ce cirque, mais les événements m'en ont empêché. Malheureusement, tu t'es retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment ; quoique je persiste à croire que tu t'amusais à me suivre. Enfin, quoiqu'il en soit, tu as vu ce que tu n'aurais jamais dû voir : je me suis un petit peu trop agacée sur une idiote de ta maison, et la pauvre petite a frôlé la mort. Je l'ai laissé à moitié agonisante dans les toilettes de l'école, persuadée qu'elle ne tarderait pas à pousser son dernier souffle. Mais alors que je m'en allais, tu as débarqué. Tu avais tout vu ! Je me souviens encore de ma colère lorsque j'ai aperçu ton visage ; cette vision m'a empêchée de dormir pendant des mois ! Depuis ce jour, tu ne cesses de me faire du chantage. Je ne te le montre pas, mais savoir que tu peux briser mon avenir en quelques instants m'angoisse. Cependant, je sais que tu ne le feras pas. Tu as trop besoin de moi pour atteindre ton but ; je suis ton ticket pour la réussite. Mais si tu savais comme j'aimerai mettre fin à tout cela ! Je déteste devoir me comporter de façon plus ou moins correct avec toi. Certes, tu m'es parfois bien utile, mais la plupart du temps, je ne rêve que de t'envoyer en Enfers ! Si seulement tu pouvais prendre la place de cette Poufsouffle que j'ai râté, je m'en porterai bien mieux ! D'autant plus que des bruits courent les couloirs à notre sujet, et si les rumeurs ne m'importent guère, celles-ci me dérangent, m'exaspèrent : ton nom ne devrait pas être ainsi associé au mien !

« Toi et moi, nous sommes frères et soeurs. Quand je suis née, maman est morte. Tu avais deux ans. Je crois que tu ne m'as jamais pardonné cela. Tu considères que je suis coupable parce que je suis arrivée trop tôt, mais moi je n'ai rien demandé. Tu crois peut être que cela me fait plaisir de ne jamais avoir connu maman ? Tu crois que j'ai aimé grandir sans aucune présence maternelle, sans même une présence féminine ? Je crois que tu n'as pas conscience que ce fut aussi difficile pour moi que pour toi. Tu es resté emmuré dans ton silence et tu t'es dis que j'étais un monstre, une meurtrière. Et pourtant, tout le monde était autour de moi, les grands-parents n'arrêtaient pas de dire que j'étais un petit ange, que je ressemblais à maman, que vous aviez de la chance, tous les trois, d'avoir une aussi jolie petite soeur. Gregory et Aaron n'ont pas cessé de s'occuper de moi ; j'attirais toute leur attention - ils m'ont bien étouffé d'ailleurs. Et toi, tu te sentais délaissé, seul, abandonné. Tu t'es dis que je t'avais tout volé : ta mère, tes frères, ton enfance. Tu m'en veux mais je viens juste de l'apprendre, tu viens tout juste de me l'avouer. Tu as fait cela comme d'habitude : avec des mots tranchants qui m'ont laissé sans voix, aucune émotion n'émanait de toi. Tu as été clair, brutal, froid. Tu as tout simplement été fidèle à toi même. Tu ne t'es pas énervé, tu n'as pas haussé le ton, tu m'as juste jeté ces mots à la figure. J'ai compris Liam, aujourd'hui, je suis ton ennemi numéro 1. Je n'aime pas cela parce que je t'aimais bien moi ... on ne se parlait pas mais je t'aimais bien. Mais toi tu me hais. Tu l'as gardé pour toi pendant tellement d'années ... Je sais qu'aujourd'hui, tu n'en peux plus. Tu as enfouis ta haine pendant si longtemps que désormais, ça ne peut qu'éclater. Je te connais, je sais comment tu es. Je vais vivre un enfer par ta faute, à cause de ta souffrance que tu n'es pas capable d'accepter et de dompter. Tu joues au plus fort mais au fond, je suis certaine que tu es triste. Tu es triste parce que je t'ai volé ta mère ... mais ce n’était pas de ma faute. Tu le sais n'est-ce pas ?

« J'ai le déplaisir de te connaître depuis ... trop longtemps ! Et oui, appartenant toutes les deux à des familles de sang-pur, nos parents se sont côtoyés, donc forcément, nous avons été obligés de passer du temps ensemble, trop de temps. On ne pouvait évidemment pas laisser éclater au grand jour notre mésentente, - ça aurait été trop mal vu par la grande bourgeoisie londonienne - mais nous ne loupions jamais l'occasion de nous faire des coups bas. Très inventives en matière de saloperies, nous n'avons jamais cessé d'entretenir notre inimité mutuelle. Il faut dire que tu étais chiante ... Je ne sais pas comment j'ai fais pour te supporter toutes ces années. D'ailleurs, ça me rend folle de te croiser à longueur de temps dans les couloirs de Poudlard. D'autant plus que notre appartenance à la PBL fait de nous des alliés ... du moins en apparence. Il est clair que nous ne pouvons pas laisser éclater notre hostilité ; le club serait bien trop en danger si la guerre était déclarée entre ses propres membres. Notre position est déjà difficile en ce moment, nous ne pouvons pas, en plus, en rajouter. Alors que faire ? Rester bien sage toutes les deux, nous sourire et bavarder comme de vieilles copines ? Hors de question ; ce serait trop mal nous connaître ! Certes, nous voulons protéger la PBL, mais pas jusqu'à sacrifier nos principes et nos sentiments. Je ne te supporte pas, tu ne me supportes pas ; la guerre est inévitable. Et même si on conserve un minimum de discrétion, que nous sommes très douées pour agir discrètement et éviter les foules en délires, on ne peut pas dire que personne n'a remarqué notre petit manège. La carte de l'hypocrisie a été découverte il y a bien longtemps, mais tout le monde semble faire comme si elle n'existait pas ; et après tout, ce n'est pas plus mal !

« Au début, on s'entendait plutôt bien toutes les deux. Je dirais même que les premières semaines, nous commencions à mettre en place les bases d'une véritable amitié. Mais un jour tout s'est effondré brusquement. On était toutes les deux et un sang-de-bourbe est passé près de moi ; c'était une sorte d'empoté à lunettes qui était incapable d'aligner trois mots sans bégayer. Pauvre petit innocent perdu qui demandait son chemin, je n'allais pas le laisser dans une telle situation non ? Alors pour lui donner un petit coup de pouce, je lui ai offert un petit sortilège sympa qui consistait à lancer ses jambes dans une succession de mouvements infernaux impossibles à arrêter. Je me disais qu'au moins, à l'aide de cette petite danse imposée, il aurait le temps de visiter le château afin de ne pas venir nous déranger la prochaine fois. Alors qu'il s'éloignait, les larmes aux yeux, je ne pus m'empêcher de faire référence à son sang. « Sale sang-de-bourbe ... ta place n'est pas ici espèce de vermine » J'avais craché ces mots entre mes dents serrées, furieuse de remarquer que ces indignes personnages pullulaient dans l'enceinte du château. Mais toi, tu étais à mes côtés à cet instant, et tu entendis ces mots. Je ne le savais pas, je crois que je ne m'en étais pas rendu compte. Nous nous étions si bien entendu que je ne m'étais pas préoccupé de ton sang. Pourtant, j'aurais dû réaliser que Calaghan n'était rien dans mon monde ... Rien qu'une plaie supplémentaire pour le monde magique. Et quand tu as compris à quel point ces histoires de sang étaient importantes pour moi, tu as mis fin à notre amitié. Nous ne nous adressons presque plus la parole, excepté en de rares occasions, lorsque c'est nécessaire. Parfois je regrette le passé, d'autres fois une haine incontrôlable à ton égard m'envahit. Je ne sais pas pourquoi ... peut être que te voir à la fois auprès de London et d'Eden me rend folle. En tout cas, je sais qu'au fond de moi, je te regrette ... un petit peu du moins.

« Tu es spécifiquement le genre d'homme que j'apprécie avant même d'avoir fait plus ample connaissance avec lui. Ton sang est pur et une réputation semblable à la mienne te suit comme ton ombre ... au fond, peut être n'es tu rien de plus que mon double au masculin. Oui, toi et moi, c'est toute une histoire de ressemblances ; manipulation, sarcasme et cruauté sont nos maîtres mots. On aurait pu s'entendre à merveille tout les deux, mais s'était sans compter sur cet esprit compétitif qui nous qualifie l'un comme l'autre. Comment vivre une quelconque histoire d'amitié avec quelqu'un qui vous ressemble autant sans éprouver cet irrépressible désir d'obtenir l'avantage sur lui ? Je ne supporte pas trouver meilleur que moi ; tu ne le supportes pas non plus. Alors on est rentré dans ce petit jeu tordu qui consiste à nous lancer des défis plus idiots et dangereux les uns que les autres afin de voir lequel de nous deux craqueraient le premier. On est sans cesse dans cette phase de compétition et aucun d'entre nous n'a encore baissé les bras. Peut être qu'au fond, ni toi ni moi ne pouvons l'emporter ; peut être sommes nous fait pour nous défier inlassablement. Mais même si nous ne cessons jamais de jouer, nous pouvons parfois vivre ensemble des moments différents, plus vrais. Parce que oui, malgré cette compétition, j'aime discuter avec toi et partager mes expériences diaboliques. Qui pourrait me comprendre mieux que toi !?

« Au départ, tout s'annonçait plutôt bien entre nous. Tu avais du sang-pur, tu étais aussi exécrable que moi, on se ressemblait beaucoup ... tout cela aurait peut être pu nous conduire à une grande histoire d'amitié, qui sait ? Mais le destin en a décidé autrement. Et oui, il a fallut que tu t'amouraches de cette peste de Lullaby. Tu ne croyais quand même pas que j'allais rester sans rien faire et assister à votre bonheur en tant que spectatrice !? Bien sûr que non. Quoique si je n'avais pas senti l'existence de ce véritable amour chez elle, peut être que votre histoire ne m'aurait pas préoccupée, du moins pas autant. Mais il aurait fallu être aveugle pour ne pas se rendre compte de l'amour qu'elle éprouvait pour toi. Et voir Lullaby heureuse m'était insupportable. Il était hors de question pour moi de laisser cette sale peste vivre un bonheur parfait ! Alors j'ai tout fait pour que tu tombes dans mes filets. Un regard langoureux par ici, un sourire charmeur par là, un frôlement au détour d'un couloir ... J'ai tout mis en oeuvre pour que tu craques ; et bien sûr, tu as craqué ! Tu ne peux pas savoir à quel point j'étais fière de moi lorsque j'ai réussi à t'attirer dans un placard à balai pour profiter de toi en toute tranquillité, savourant le plaisir diabolique de voler à Lullaby l'homme qu'elle aimait. Mais la suite des évènements me procura encore plus de satisfaction. La peste a débarqué, comme ça, à l'improviste ; elle a ouvert la porte du placard et tomba nez à nez avec nous. La pauvre, à peine eut-elle le temps de reconnaître ton corps enlacé par mes bras de femmes qu'elle s'enfuit en courant, anéantie, détruite. Elle n'a pas vu mon visage ; elle ne sait pas qui était avec toi ce jour là. Tu n'oses pas le lui dire de peur de la perdre définitivement, cependant je te rassure, je me ferais un plaisir de lui dévoiler l'identité de cette mystérieuse fille lorsque je trouverais le moment opportun ! En attendant ce jour, tu ne peux imaginer le plaisir que j'éprouve lorsque je m'amuse à te rappeler ce fameux soir où tu fis l'une des plus grosses erreurs de ta vie ...